Dernière sortie, à la fraîche, au bord de la Siagne, pour les Marcheur-papoteurs...  

C’est à nouveau dans un trou de verdure où coule une rivière que les Marcheurs-papoteurs se sont réunis mardi dernier pour le pique-nique de clôture de  saison, c’était sur la commune de  Saint Vallier de Thiey tout près des trois sources de La Siagne.

Là, au quartier Saint Jean, comme à Saint Cassien des bois, l’histoire a laissé les vestiges d’une tour, d’un gros moulin et une chapelle.

La chapelle, fort bien entretenue, dédiée à Saint Jean Baptiste, patron des moissonneurs et des bergers, a été construite en 1669 par les habitants de Saint Vallier, elle a été bâtie sur et avec les ruines d’une précédente église nous dit-on. Il y avait donc un hameau en ces lieux avant la construction de cette chapelle?

En effet l’histoire nous apprend que ces terres de part et d’autre de La Siagne appartenaient au seigneur de La Motte, un hameau y était installé. Saint Vallier, lui, ne comptait alors que quelques maisons autour du Castrum Sancti Valii, bâti sur le haut de la colline dite de la « Chèvre d’Or », bien  loin du cours d’eau. Les habitants de ce hameau, groupés aussi autour d’un petit castrum, sujets donc du Seigneur de La Motte étaient, eux, bien loin de leur Maître. Ils faisaient fonctionner un moulin à grains, et obéissant à la loi des « Banalités » les habitants de La Motte devaient venir obligatoirement moudre leurs  grains ici et ceux de Saint Vallier allaient ailleurs ! Ce n’est qu’en 1242 que la logique fit son œuvre, ces terres excentrées pour La Motte furent données aux villageois de Saint Vallier qui vinrent alors bâtir leur village là où il est actuellement. Le moulin dit « de La Motte » redoubla d’activité, un four y fut adjoint et une deuxième fonction vit le jour : un moulin à foulon. Le foulon  consistait à dégraisser et feutrer des étoffes de laine (la laine des moutons était enduite de graisse pour être filée et tissée).Le moulin à foulon nécessitait un important réseau de petits canaux, les étoffes étaient mises à tremper avec de l’argile smectique dans un bassin, puis elles étaient entrainées dans un autre pour être fortement battues par des massues soulevées et entrainées par la roue à godets. C’est donc un entrelacs de petits canaux qui étaient nécessaires et que l’on voit encore de nos jours, chacun animé par une eau vive qui retrouve çà et là les chemins d’antan, il est vrai que ces moulins fonctionnèrent jusqu’en 1907. 

Quant à la chapelle, plus proche de la route, elle fut témoin du passage de Napoléon. Et oui ! C’est bien la véritable route qu’emprunta Napoléon en marche  vers la capitale, il passa à Saint Jean et traversa la Siagne par   le « vieux pont » pour rejoindre Escragnoles. Est-ce la raison pour laquelle en 1882 on  adjoint à la chapelle un large porche pour y accueillir les pèlerins et autres voyageurs ? Est-ce la raison pour laquelle elle fut embellie par un grand tableau représentant les évangélistes Marc, Mathieu et Jean ? Est-ce la raison pour laquelle elle se trouve sur une large esplanade plantée de magnifiques tilleuls ? On ne sait pas pour quels motifs cette chapelle, sur la commune de Saint Vallier mais loin du village a été embellie et si bien entretenue, toujours est-il qu’elle en vaut le détour.

Après un pique-nique rafraichissant sous l’épaisse végétation de Saint Jean, les Marcheurs-papoteurs sont allés voir ce qui se passait encore plus bas, là sous leurs pieds. La visite de Baume obscure, dite le Souterroscope compléta agréablement cette belle journée auprès des eaux claires et chantantes de la Siagne !