Grottes, baumes : l'Estérel
GROTTES, BAUMES.....L'Estérel
Résumé de l'épisode précédent :
.... L'automne s'achevant, nous quittons les rives de la Siagne et de la Siagnole, pour rentrer à la maison.. et retrouver l'Estérel sublime, l' hiver.
Et puis, des grottes, il y en a aussi dans l'Estérel !
Bien moins nombreuses, que dans le Centre-Var, et dans les gorges de la Siagne, on en répertorie cependant une vingtaine pour la partie orientale; celles situées vers la Bouverie & Bagnols, feront l'objet d'une future expédition.
Il y a bien sûr, celles que tout le monde connaît... comme celle de l'ermite Saint Honorat, sous le Cap Roux, grotte dans laquelle il vécut quelques années (fin Ve siècle), avant de se retirer sur une des îles de Lérins et d'y fonder une communauté, île qui porte son nom.
Il y a aussi celle du tout aussi célèbre et généreux Gaspard de Besse, le Robin des Bois de la Provence, bandit au grand coeur qui détroussait les riches voyageurs au relais de l'Auberge des Adrets, pour redonner son butin aux pauvres paysans varois. Pourchassé, il se réfugie dans une baume sous le Mont Vinaigre. Retrouvé, conduit à la prison de Draguignan, il finit sa courte existence, supplicé à Aix en Provence le 25 octobre 1781, il avait 24 ans.
Baumes, grottes abris... elles essaiment le Massif de l'Estérel, du Mont Vinaigre au Cap Roux, quelquefois dans des Gorges, comme au Malinfernet...
... Il faut un peu cheminer dans les gorges et là, au bord du chemin, une vaste baume : la baume de l'Ecureuil...
..un peu plus loin, la grotte de la Forge, occupée à la Préhistoire ; des fouilles archéologiques ont été menées sur ce site. (voir au Musée de la Vieille ville)
On revient par la piste du Baladou, et en redescendant du Col du Mistral, à droite de la route, des abris de berger, petites baumes, protégées, un peu cachées par le ressaut de la roche ...
... Et enfin, il y en a de plus mystérieuses, moins connues, qu'il faut un peu chercher..
à suivre..
Martine
Le Rocher Saint Barthelemy, vous connaissez ? c'est un but de balade très prisée, la vue y est superbe sur la baie d'Agay, et depuis Anthéor jusqu'à St Aygulf, voire au Cap Camarat, par grand mistral
Je sais qu'il y a sous ce grand rocher-sentinelle une vaste baume - elle figure d'ailleurs sur les cartes - mais il va falloir retrouver le chemin qui part sous le rocher et se perd un peu... pas évident !
Le maquis bas a déjà recouvert la draille après les incendies ; attention la pente est un peu forte par endroits ; en remontant, il faudra penser à baliser le chemin, pour une prochaine visite.
Après un passage sous le couvert des chênes-lièges, on arrive devant la falaise : là quelques abris, mais ce n'est pas encore "la" grotte de Barthelemy
Pour ce repérage, j'ai une nouvelle bande de grottophiles.. Mais où sont-ils passés ? Ha ! les voilà qui ressurgissent... et qui m'abandonnent en chemin, pour cause de digestion difficile ! Ha ! les repas de fin d'année !
Je descends donc en éclaireur et là, face à la mer, sur un plateau rocheux, une baume immense au milieu des figuiers de Barbarie...
Une superbe grotte, et à l'entrée, les vestiges d'un muret en pierres sèches,, D'après la Société d'histoire de Fréjus, cette baume aurait été occupée tardivement - IV et Ve siècle et aurait constitué un véritable habitat ; mais d'après les archéologues du Musée de St Raphaël, elle aurait été utilisée bien antérieurement, comme d'autres grottes, aux temps préhistoriques...
Impressionnant, non ? Visite prévue en janvier..
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L'Estérel, est un lieu rempli de mystère... Regardez ses rochers rouges, déchiquetés, au-dessus de la baie d'Agay, un jour d'orage, montez au Cap Roux ou vers la tour de gué du Mont Vinaigre, par la route du Malpey, mais ne vous arrêtez pas au Col des Sacs, ni à l'Auberge des Adrets, où les voyageurs se faisaient détrousser !
Courez vous réfugier dans une de ses baumes, haltes-bergeries, ou repères de brigands et déserteurs, ermites, et autres personnages au ban de la société !
Car quand on découvre, au hasard d'une sente à peine visible dans les feuillages, une baume immense, qui abrita nos ancêtres préhistoriques, il y a 40 000 ans, on éprouve comme un soulagement et on imagine, leur terreur dans ce cadre fantasmagorique..
Même à l'abri dans leur grotte, ne craignaient-ils pas que le ciel et les rochers de l'Estérel ne leur tombent sur la tête ???
la grotte de l'UZEL
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On ne se lasse jamais de parcourir L'Estérel... et je n'ai jamais fini de découvrir de nouveaux sentiers, qui furent d'anciens chemins muletiers, autant de futures balades à proposer aux adhérents de NATURE, PASSIONS pour les années à venir !
Samedi, je vous emmenais faire une "classique" mais avec une variante et une surprise : le chemin part du col de l'Evêque, pour rejoindre le sentier qui grimpe vers la Sainte Baume ; un itinéraire inédit pour rejoindre ce lieu saint, connu de tous les Raphaëlois,
le panorama qui s'ouvre au-dessus du col domine les calanques du Trayas.
La forteresse annonce l'arrivée à la grotte-chapelle.. mais il faut d'abord l'atteindre ! Quelques marches et on passe la porte...
...de nouvelles marches et voilà la baume de l'ermite, qui l'occupa, il y a 1600 ans, avant de partir s'exiler sur l'île d'en face: une des 2 îles de Lérins et qui porte aujourd'hui son nom : Saint Honorat
Sur le chemin de retour, c'est là qu'est la surprise : une 2e baume que peu de gens connaissent, : répertoriée sur les cartes, comme la grotte de l'hôpital, connue sous le nom de grotte de l'Indien, cete vaste baume fut occupée encore très récemment, et j'en ai été le témoin !
Le chemin de pélerinage arrive à la fontaine (miraculeuse, bien sûr) et à l'esplanade où ont lieu, le 1e dimanche de mai, une procession et une messe à la mémoire du Saint.
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Il y a 500 000 ans, sur des rivages proches de Roquebrune, Homo erectus occupe des campements saisonniers ... entre -125 000 et -35 000,c'est Homo neandertalis qui occupe des baumes à la Colle du Rouet, avant qu'il ne soit remplacé par Homo sapiens dans les grottes de la Bouverie.
C'est donc, dans la partie occidentale de l'Estérel, que la bande de grottophiles se met en route à la recherce de nouveaux sites préhistoriques.
C'est certainement la partie la plus intéressante et la plus foisonnante en matière de Préhistoire, de l'Estérel : 3 sites majeurs sont à rechercher, mais aujourd'hui, en cette journée d'hiver, nous prenons la direction du village de la Bouverie, et avant d'arriver au croisement avec la route de Bagnols, arrêt près de la source de l'Aiguillon, au-dessus des gorges du Blavet : il s'agit de retrouver 4 grottes creusées dans la rhyolite (roche volcanique de l'Estérel).
On sait qu'elles se trouvent sous une falaise, exposées plein sud, que ce sont de petites cavités...
... et qu'elles ont été constamment habitées : c'est ce qu'a montré la stratigraphie pratiquée pendant les fouilles ; plusieurs outils spécifiques de plusieurs périodes, et notamment le Bouvérien, caractérisé par une industrie du silex propre à ce site (petits grattoirs ronds, lamelles à dos abattu..), Pourquoi un outillage spécifique ? Pour trouver les explications, il faut remonter un peu le temps !
Pendant les périodes de glaciation (Riss -230 000 à -120 000 & Wurm -80 000 à - 11 000 ans)les glaciers recouvrent la quasi-totalité de l'Europe, c'est d'abord, l'Homme de Néandertal, homme robuste, puissant qui s'adapte à ces conditions climatiques rigoureuses ; il chasse les grands animaux qui peuplent les steppes, et notamment celles qui s'étendent devant les falaises de Colle rousse, avec des outils de bonne taille.
L'Homme de Cro-Magnon (Homo Sapiens), ensuite, va occuper le site (depuis - 30000 jusqu'en - 8000 ans) ; il connait la fin de la période glaciaire et le début de la période de réchauffement : cette période est marquée (vers -8000 ans) par une remontée de 120 m du niveau des mers, la végétation change, une forêt dense de feuillus a remplacé la steppe, les troupeaux de grands herbivores se sont déplacés vers le Nord, L'homme de la Bouverie, doit se contenter de petites proies : l'outillage se modifie (petites pointes, micro-gravettes...) c'est ce qu'un Préhistorien local, Gérard Onoratini a appelé le Bouvérien, car propre au matérile trouvé dans les grottes de la Bouverie.
Nous reprenons nos recherches, et sans trop de difficulté, nous trouvons les 4 grottes prestigieuses bien que modestes ! Elles sont solidement fermées par des grilles pour les protèger
Notre progression va nous amener jusqu'à la grotte du Muréon, la plus vaste du site.
Visite prévue à l'automne, mais en attendant, vous pouvez aller vous imprégner de la vie des hommes de la Préhistoire dans la région en visitant le musée situé dans la Maison du Patrimoine de Roquebrune
Vous pourrez y voir aussi 3 superbes bifaces : l'un est en quartz, l'autre en rhyolite, la lave de l'Esterel. Un troisième biface, en silex, celui-là, a été trouvé dans la vallée de l'Endre, qui fera l'objet d'un autre reportage dans les Baumes rainaudes, et où nous vous emmènerons également à la rentrée.
Vous y verrez que notre région a été habitée depuis l'entrée de l'Homme dans le Sud de l'Europe
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...Au cours de l'hiver 2010, la bande des Grottophiles décida d'aller rechercher..
les Baumes Rainaudes !
Au bout de la piste des Corbières, se dresse une stèle... le vallon de La Baume rainaude s'ouvre à proximité : un ruisselet traverse ce vallon et alimente le cours de l'Endre, affluent de l'Argens.
C'est là que se trouve l'ensemble des BAUMES RAINAUDES : 12 grottes ou abris répartis de part et d'autre de ce petit vallon ; et on va le vérifier très vite : 8 sont en rive droite et 4 autres, que nous n'aurons pas le temps d'aller chercher, en rive gauche : un lotissement de baumes !
Un ancien panneau du Ministère de la Culture nous confirme que l'homme préhistorique a bien occupé les lieux !
.. Et depuis, les chiffres ont été revus à la hausse : il semblerait que Néanderthal (-30 000 ans) ait trouvé refuge dans ces abris.. d'ailleurs, on dirait qu'il en reste un dans cette baume immense... ou j'ai une hallucination ?
Dûment estampillées, chaque baume est une découverte extraordinaire, et les grottophiles imaginent la vie dans ce long corridor où les grottes se succèdent et se font face...
La BR 8 (Baume rainaude n° 8)... ...la BR 2, c'est écrit dessus !
... et la plus vaste, la Baume rainaude 1, où des fouilles ont été pratiquées et dont on peut voir les différents outils taillés, au Musée de Roquebrune.
...et celle-ci où on se sent comme dans un oeuf !
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Pas de temps de Toussaint pour cette dernière sortie autour des grottes, baumes.... mais un été indien qui revient au galop, après le déluge de mardi : 100 mm d'eau en un jour !
Sur la belle piste des Corbières, la troupe chemine nonchalamment : il fait beau, on papillonne, on admire le paysage grandiose du vallon des Gourbières,
Le ruisselet qui descend du vallon, annonce le début de l'escalade vers les fameuses Baumes Rainaudes...
Oui ! ils ont marché dans la grotte !
Un défilé de grottes et abris qu'il faut un peu chercher dans la végétation qui a repris ses droits avec vigueur, depuis les incendies de 2003 ; mais l'effort est récompensé par la découverte de quelques-unes des 12 grottes occupées par Homo Neandertalis & Homo Sapiens.
Des baumes aux dimensions impressionnantes, dont la découverte récompense les plus courageux des randonneurs, pour cette dernière aventure "grottesque" (Hi! Hi !)
L'été jette ses derniers feux et l'idée d'un pique nique au bord de l'eau est accueilli avec délice !
Bon, il va falloir tourner la page des "Baumes, grottes..." Mais, il reste aux Grottophiles à découvrir 2 ou 3 autres mystérieuses Baumes aux peintures rupestres... et peut-être le plaisir de nouvelles aventures à faire partager aux NATURE, PASSIONS