Marcher, papoter... le résumé
Un mardi au bord de l'eau, quand il fait beau... les adhérents de NATURE, PASSIONS, se promènent et continuent leurs visites de maisons remarquables...
La belle villa blanche perdue au milieu des sables, face à la mer, cachée sous les pins, au bout du bout de la Base Nature, tout contre l’embouchure de l’Argens entourée de plusieurs constructions plus modestes et d’une chapelle, c’est d’elle que nous parlons ! Mais qui est allé construire une villa à cet endroit là en 1896 ? Pas de réponse ! Peut-être la famille Bloch-Larroque, celle-là même à qui l’Aéronavale l’acheta en 1932 ?
Il faut savoir qu’en fin du XIXème siècle, le maire de Saint Raphaël, l’entreprenant et infatigable Félix Martin, avait pour désenclaver sa ville tracé de nombreuses voies de communication et entre autre un chemin carrossable au nom pompeux de « Boulevard du bord de mer » qui reliait Saint Aygulf à Saint Raphaël enjambant l’Argens et le Reyran par des ponts de bois. Ce boulevard implanté sur le Domaine Public Maritime longeait des terrains marécageux où quelques pauvres propriétés alimentaient péniblement une poignée de chèvres et de moutons. La « villa soleil » fut implantée au bord de ce boulevard, quartier du Grand Esca, certainement pour une riche famille qui y séjournait seulement quelques mois par an, l’été au soleil, d’où son nom ! A cette époque la spéculation immobilière allait bon train, il se construisit à Fréjus et Saint Raphaël un grand nombre de villas semblables à celle-ci, mais en ce lieu, loin de tout, elle resta la seule ! Il faut dire que le boulevard du bord de mer était souvent coupé par les intempéries et les ponts de bois ne résistèrent pas longtemps aux caprices de l’Argens et du Reyran. La voie ferrée des « chemins de fer de Provence » construite un petit peu plus au nord, franchissant les fleuves par un solide pont Effeil remplaça ce boulevard à cet endroit là, puis la Base Aéronavale créée en 1912 bloquant le passage vers Saint Raphaël isolèrent encore plus la villa. Elle resta seule dans le quartier du grand Esca, à demi enclavée, et échappa de ce fait à la petite saga locale.
On connait mieux son histoire après 1932, la Base Aéronavale couvrait alors l’ensemble des terrains entre l’Argens, la voie ferrée, et la mer, la villa, ses dépendances et sa chapelle y étaient donc entièrement incluses. A cette époque plus de 600 personnes civiles et militaires travaillaient sur cette Base. Le commandant, contrairement à ce qui se dit, ne logeait pas dans cette villa, c’est donc improprement qu’on l’appelle la « maison du Pacha » ! Il occupait une petite maison voisine, d’autres constructions permettaient de loger le personnel militaire. La villa, dans les sables à l’extrémité de la Base, face à la mer, était le mess des officiers, leur lieu de rencontre, de détente et leur restaurant, seul le personnel qui travaillait dans la « villa des sables » logeait dans les chambres prévues initialement pour les domestiques, au dernier étage de la bâtisse.
La Base Aéronavale démantelée en 1995, devenue la « Base Nature » est maintenant propriété de la ville, cependant la « villa des sables » et ses dépendances sont restées propriétés du Ministère de la Défense. Actuellement, le site est géré par l’IGESA, la villa est devenue le « mess » des colonies de vacances pour enfants de militaires qui viennent gouter aux plaisirs que leur offre cet espace de rêves, entre mer, soleil et sable.
Jeannine