MARCHER, PAPOTER... le résumé
C'était donc mardi dernier, la suite de la balade à la recherche des arches de l'aqueduc romain construit au 1e siècle de notre ère...
Pour ceux qui veulent en savoir + : le livre de Robert de Madron : L'aqueduc romain de Mons à Fréjus - éditions de l'EnvoL
NB : dans son livre très documenté, R. de Madron explique pourquoi les arches étaient doublées en certains endroits : du fait de leur détérioration, les Romains préféraient construire de nouvelles arches plutôt que de réparer celles existantes
Remontant toujours plus en amont sur les traces de l’aqueduc romain, c’est à Boson, que nous reprenons nos recherches pour dénicher les vestiges, explorant la moyenne vallée du Reyran, du vallon de l’Appié d’Amic à celui de Bouteillière. C’est une partie de la vallée qui a connu de grands chamboulements : recherches et exploitations minières, usine de transformation des schistes bitumineux, hameau d’habitation, ravages par les eaux impétueuses du Reyran lors de fortes pluies et pour finir la « vague » lors de la rupture du barrage de Malpasset, autant dire qu’il ne reste pas grand-chose des huit ouvrages qui se trouvaient sur cette portion d’aqueduc, deux ponts sont encore bien visibles, pour les autres… Il faut de l’imagination.
Les arches de l’Esquine appelées aussi les Arcs Bonhomme se cachent sous un épais manteau de lierre dans la partie sablonneuse du large vallon de Marre Trache, on ne peut pas les manquer. Peu élevé, ce pont-aqueduc d’une centaine de mètres de long était composé initialement de huit arches, les travaux de l’autoroute et la catastrophe de Malpasset nous en ont laissé cinq. A y regarder de près on s’aperçoit que les arches sont doublées, il y a en fait deux ponts accolés l’un à l’autre, celui amont bien plus en ruine que l’autre. L’histoire nous apprend que les romains avaient dans un premier temps capté une source à Montauroux. En 50 après JC, l’eau de Forum Julii était donc celle de la source de la Foux. Une vingtaine d’années plus tard ils entreprirent le captage de la Siagnole à Mons et construisirent un nouvel aqueduc qui vint se raccorder au précédent dans la plaine de Fondurane. Le nouveau débit était-il trop important pour le premier pont à l’Esquine, ou bien les matériaux utilisés, le gneiss et le grès gris étaient-ils trop fragiles, ou bien encore construit sur un terrain sablonneux avait-il était endommagé par des crues ? Quoiqu’il en soit ils le doublèrent et renforcèrent les piliers par de larges contreforts arrondis, d’où l’aspect massif de ces arches. (photo1)
Après le franchissement de ce large vallon le canal était enterré et suivait le bord du talus, un ponceau dont on retrouve quelques vestiges faisait franchir un petit ruisseau, puis une galerie creusée dans une veine de schiste dont on retrouve l’ouverture au dessus des vestiges de l’usine lui faisait franchir une avancée rocheuse. Ensuite il suivait le talus jusqu’au Gargalon. Les indices de son passage dans la pente sont à découvrir comme un jeu de piste, une roche creusée près d’une galerie, des morceaux de mortier très caractéristiques éparpillés ça et là, des ponceaux et des arches disparues enfouis dans les talus ( Arches de Boson, Arche de Grisolle 1 et 2, Arche Castagne, et Arche Magail) rien de bien spectaculaire jusqu’au vallon de Bouteillière. (photos 2 et 3)
Là, dans l’étroit vallon, les Arches Sénéquier ou Arches Escoffier offrent aux promeneurs un pont-aqueduc entier et encore accroché de part et d’autre à la colline, et en plus il y en a deux…Deux magnifiques ponts en rhyolite séparés l’un de l’autre par quelques mètres, ici encore, celui de l’amont semble le plus vieux, les mêmes raisons ont-elles poussé les romains à construire deux ponts ? Deux ponts de 6 arches chacun, des piliers de plus douze mètres de haut, des contreforts, un étrésillon, une arche plus étroite que les autres qui donnent une allure élancée à l’ensemble, un canal encore bien visible qui amorce un angle de 90 degrés, telles sont les particularités de ce magnifique pont-aqueduc, accessible jusque dans ces moindres recoins, mais attention pas d’imprudence ! (photos 4 et 5)
Les ponts en rhyolite ont été, semble-t-il, ceux qui ont le mieux résisté au temps, c’est pourquoi de Sénéquier au Gargalon tous les ponts sont encore debout : les Arches Bouteillière et sa pierre sculptée sur laquelle figure le torse d’un légionnaire possède toujours ses 3 arches, l’Arche du Castellas , l’Arche Biaise qui traverse en biais un vallon sont toujours là, ainsi que le pont de la Moutte et ses 7 arches, mais inclus dans une propriété privée ils ne peuvent être approchés, et restent hélas hors de notre vue !
Espérons qu’ils seront là encore longtemps !