MARCHER, PAPOTER, le résumé
On voit apparaitre un « quartier » au Dramont à partir de 1864, quand l’exploitation des carrières d’estérelite reprend, ces carrières avaient été ouvertes par les romains. Fin du XIXème siècle ,deux carriers ayant travaillé à la fabrication du ballast pour la société PLM, lors de la construction de la voie ferrée, et un propriétaire du terrain s’unissent pour obtenir une concession d’exploitation, les ouvriers s’installent dans des baraquements laissés par la société PLM, un village né. Quelques années plus tard, la Société Anonyme des Carrières du Dramont, une société franco-Belge va faire du lieu un véritable site industriel, avec voie ferrée privée et quai d’embarquement pour charger les bateaux. Il y aura jusqu’à 700 ouvriers et leur famille, pour la plupart des italiens venus du Piémont, le marché des pavés pour les villes et du ballast était en pleine extension, le quartier s’étoffe.
L’entreprise construit alors pour ses ouvriers deux cités style « corons », des villas pour les cadres, des bâtiments administratifs, mais aussi une école, une infirmerie, une cantine, un magasin « économat » un « cercle » pour la détente, où jeu de cartes et boissons alcoolisées étaient de mise jusqu’à fort tard dans la nuit, il faut dire que depuis 1901 les ouvriers ne travaillaient plus que 11h par jour, 6 jours sur 7 ! Un comité des fêtes proposait aussi un club de foot, diverses activités sportives et même une fanfare. Un véritable petit village vivait au Dramont, régulièrement animé par des fêtes, religieuses ou pas !
A propos de religion, Il fallut attendre 1929 pour avoir une chapelle au Dramont. Auparavant, les familles devaient se rendre à Boulouris ou à Agay pour assister à la messe. Les demandes répétées auprès de la Direction, appuyée, presque imposée par l’Evêque de Fréjus, reçurent enfin un écho favorable en 1925. La société des carrières fournit alors un terrain et l‘autorisation d‘utiliser les pierres de l’exploitation. Un architecte fit les plans gratuitement. Des dons de la société PLM et de quelques bourgeois installés dans le quartier permirent l’achat de matériaux de construction. Les ouvriers, quant à eux, fournirent le travail nécessaire sous la direction d’un maître d’œuvre bénévole. Les tailleurs sculptèrent l’autel, les fonds baptismaux et les bénitiers dans des blocs d’estérelite, les moins habiles se contentèrent de monter les murs. La chapelle dédiée à Saint Roch, le patron des carriers, entre autres fonctions, fut bénite en 1929.
Mais ce site industriel en bord de mer dérangeait quelque peu les politiques qui, dès 1936, avaient l’objectif de développer le tourisme de masse dans la région. C’est donc avec soulagement qu’ils virent la production baisser peu à peu pour cesser définitivement en 1959. Une partie du terrain en bord de mer fut vendu à un privé pour un camping, la commune récupéra la chapelle et l’esplanade du débarquement, les cités ouvrières furent rasées et le terrain quelque peu réhabilité fut vendu à Pierre et Vacances qui en fit « Cap Estérel » les deux trous de 150 m de profondeur remplis d’eau et leur environnement bétonné devinrent un formidable terrain de jeux pour les vacanciers ! La mer, quant à elle, se chargea de transformer en galets tous les débris de roche jetés sur sa côte durant les années d’exploitation : « sous les pavés la plage » ? Non « des pavés est née la plage » !