MARCHER, PAPOTER... le résumé !
NB : la prochaine sortie du "Marcher, papoter" aura lieu le mardi 9 mai - RV lieu habituel à 14 h
Dans la garrigue, un kilomètre au sud du village du Muy, perdue sur un promontoire, presque suspendue à une centaine de mètres en à pic au-dessus de l’Argens, une chapelle ou plutôt les ruines d’une chapelle intriguent les curieux. C’est la chapelle San Luen, elle donne son nom à ce lieu de la commune du Muy. Sous les buissons qui l’entourent d’autres vestiges apparaissent, les fouilles des archéologues et les recherches d’archives des historiens nous apprennent qu’il s’agit là du « berceau de la commune du Muy », et oui ! Le vieux Muy quoi !
Au XIème siècle un castrum est construit ici, le castrum « Marsendis » il appartient à une puissante famille, Les Marsens, dont un membre sera évêque à Fréjus. Le castrum Marsendis règnera sur un vaste territoire, du Revest à Pennafort. Deux autres castrum : Revest et Roquetta, tous installés sur des points hauts, veilleront avec lui sur les quelques hameaux installés dans la plaine sous la bannière des Marsens. Chaque castrum possède sa chapelle, ici elle est dédiée à Saint Léonce, le premier évêque à Fréjus ; dans la langue provençale « San Luen ». Autour des castrum des habitants s’installent et un village nait, une forge et les manifestations de la vie quotidienne ont été retrouvées à San Luen par les archéologues. Ce village, son castrum et sa chapelle vivront plusieurs centaines d’années, et pourtant ils ont presque totalement disparus, que s’est-il passé ?
Dans la plaine, au confluent de la Nartuby et de l’Argens, une bute nommé « Modio » (le milieu) par les romains, car exactement à mi-chemin entre Forum Vocconi et Forum Julii, présentait de nombreux atouts pour l’installation des paysans, un hameau s’y créa autour d’une petite chapelle. Offert sans défense aux pillards il resta modeste, mais avec le calme revenu grâce à la protection du castrum Marsendis il prit petit à petit de l’importance. C’est alors qu’en milieu du XIIIème siècle un remaniement administratif fit perdre l’hégémonie de la gouvernance des terres à la famille Marsens au profit d’un autre seigneur installé à Modio, et en 1246 on vit naitre le bourg « Turris di Modio ». Les villages haut-perchés, mal desservis par les chemins, loin de la vie nouvelle virent leur population décroitre. Ils disparurent complètement quand le terrible « Noble-Voyou » Raymond de Turenne attaqua les seigneurs provençaux les plus faibles. 1393, fin des castrum et de leur village ! Seules les chapelles restèrent debout un temps plus long ! A Modio Les pierres de Roquetta et de Marsendis servirent à la construction d’un rempart autour du Bourg, ainsi se tricote et se détricote l’Histoire !
Avec l’entrée de la Provence au royaume de France en 1481, les noms se « francisèrent » certainement et Modio devint Le Muy ! Restent sur la colline San Luen les murs d’une chapelle, derniers témoins fragiles de l’existence du puissant castrum Marsendis, mieux vaut rester à distance, non pas par crainte des fantômes de la famille Marsens, mais tout simplement pour des risques importants de glissements de terrain.