Marcher, papoter : le résumé
Roussiveau , c’est une ferme, une maison forestière ou une bergerie ?
Tout à la fois ! Ou plus précisément une même bâtisse qui fut l’une après l’autre tout cela !…De plus, sachez qu’il y a eu aussi, en ce même lieu, sous la domination romaine un grand « Domus » agricole, moutons et chèvres broutaient au milieu des oliviers et des vignes au début de notre ère à Roussiveau !
Mais, revenons au Seigneur Giraud d’Agay qui en 1636 par la volonté de l’Evêque de Fréjus fut pourvu d’un domaine de quelques 700 hectares dans la rade d’Agay avec la charge héréditaire de « gouverneur » des lieux. Après avoir transformé le bastion défensif en petit château, le nouveau Comte n’eut de cesse que de mettre en culture les parties favorables pour cela, les fermes apparurent, Bastidon, Ferrières, Castellas, Grenouillet et Roussiveau…C’était donc bien une ferme au départ alors !
En effet la ferme de Roussiveau apparut vers les années 1730 et fut donnée en métairie à la famille Laugier ! Et oui ! Cette lignée d’agriculteurs qu’on retrouve ensuite au Castellas, puis au Grenouillet ! Du blé couvrait les champs entourant la ferme et une bergerie accueillait moutons et chèvres.
Après 1789, l’Etat s’enrichit de terres confisquées au clergé et aux seigneurs. Terres qu’il redistribua d’ailleurs : ventes aux particuliers, rachats par les anciens propriétaires et répartition aux communes…Ce ne fut pas une mince affaire pour notre Estérel et le problème se régla devant les tribunaux, si bien que c’est seulement en 1856 qu’on arriva à savoir qui avait quoi ! La ferme de Roussiveau et ses champs restèrent au sein du patrimoine de la famille Giraud d’Agay ; ils étaient dans le prolongement du domaine du Grenouillet. L’Etat s’octroya quelque 60km2 de forêts essentiellement dans la partie orientale du massif, le reste fut partagé entre les communes voisines et quelques privés. Le terrain domanial arrivant jusqu’au bas du versant sud du Rastel d’Agay, Roussiveau devenait une enclave privée un peu gênante par sa position centrale dans la forêt domaniale.
Fin du XIXème siècle de grands travaux de reboisement furent engagés par l’administration des Eaux et Forêts (administration créée, rappelons-le en 1291 par Philippe Le Bel, administration aux pouvoirs renforcés depuis le remaniement du code forestier en 1827). Mener à bien ce reboisement indispensable pour sauver une forêt dévastée par des années de pillages de toutes sortes, demandait beaucoup d’énergie et de volonté. L’ingénieur Muterse, cadre aux Eaux et Forêts, natif de la région, n’en manquait pas, il fit construire des maisons dans le massif afin d’avoir sur place le personnel nécessaire à ce vaste projet. Du fait il négocia avec la famille Giraud d’Agay l’échange de la ferme de Roussiveau et ses champs contre les deux versants du Rastel D’Agay…La bâtisse devint alors une maison forestière accueillant un garde forestier et sa famille, c’était donc bien aussi une maison forestière !
De nos jours, les maisons forestières presque toutes vides d’occupants, ont perdu de leur importance, certaines sont même en état de ruine avancée. Celle de Roussiveau eut la chance d’intéresser une bergère, éleveuse d’une race solide de moutons, les Merinos. Locataire de l’ONF (administration créée en 1964, rappelons-le, par la séparation des taches en ce qui concerne l’eau d’une part et les forêts d’autre part), cette bergère par contrat avec l’Etat et les communes, assure avec ses bêtes l’entretien d’espaces « coupe-feu » entre les zones boisées. Alors ? C’est donc bien une bergerie la bâtisse qui se trouve à Roussiveau ! Maintenant oui !
Ruralité ? Vous avez dit ruralité ? Et oui, à deux pas de la ville ! Pourvu que ça dure !