Marcher, papoter : le résumé
S’il est un lieu proche de chez nous où la ruralité demeure vivace c’est sur les rives du Reyran à Fréjus. Pour preuve, ce GIE de la « Vallée Rose », un « Groupement d’Intérêt Economique » de plusieurs agriculteurs qui nous proposent une vente directe de leurs produits, sur leurs terres, à deux pas du Reyran. Mais pourquoi ce nom « la Vallée Rose » ? En fait c’est un clin d’œil à ce que fut cette vallée du Reyran avant la catastrophe de Malpasset. Une vallée entièrement vouée à une agriculture fruitière, sur des hectares et des hectares de terres. Au printemps, les fleurs roses des pêchers se voyaient de loin et justifièrent cette appellation, la vallée du Reyran était nommée alors la « Vallée Rose » !
Le Reyran, torrent temporaire né près de Bagnols en Forêt et long d’une vingtaine de km, récupère les eaux de pluie des pentes de l’Estérel. Il n’a pas toujours eu cet aspect d’un ruisseau sage cadré par ses parois de béton. Avant cela, ses crues hivernales ont apporté durant des millions d’années une épaisse couche de limon déposée sur un sous-sol argileux. Son lit aux contours incertains entre les collines du Colombier et la butte de Fréjus, étala crues après crues ses alluvions sur plusieurs mètres d’épaisseur générant ainsi un sol sableux, aéré, légèrement acide, et humidifié en permanence par les infiltrations, même quand celui-ci semblait à sec…Un espace idéal pour l’agriculture, de plus nettement favorisé par un microclimat dû à la présence des deux collines qui filtrent les vents.
D’ailleurs, depuis l’antiquité cette vallée est vouée à l’agriculture ; l’établissement de la ville romaine « Forum Julii », le « Marché de Jules » en est bien la preuve ! Oliviers, vignes, maraichages du temps des romains, céréales, luzerne, foin au Moyen Age, et tabac aux temps modernes, tous avec d’excellents rendements ont fait la gloire des fermiers de la vallée ! Mais ils n’étaient pas au sommet de leur gloire ! C’est à la fin du XIXème siècle, sous l’impulsion d’un ingénieur agronome que quelques agriculteurs aventuriers se lancèrent dans l’arboriculture. Après plusieurs essais c’est le pêcher qui s’avéra être l’arbre idéal pour la Vallée et une fois les problèmes de cueillette et de transport réglés (la pêche est un fruit extrêmement délicat on le sait) les pêchers couvrirent toute la vallée et les pêches de Fréjus arrivèrent sur les marchés de Paris, Londres, Amsterdam… Fréjus devint en quelques années la « Capitale Européenne de la pêche précoce » ! Une coopérative fruitière vit le jour en 1958, les résultats de l’été 59 promettaient un très bel avenir ! On allait être au sommet de la gloire pour l’agriculture du pêcher dans la « Vallée Rose » à Fréjus ! Il y avait même la promesse d’une irrigation régulière avec le barrage construit en amont sur le Reyran !
Mais le 2 décembre 1959 à 21h13 le barrage se rompt ! La vague puissante déferle sur la vallée ! Perte de nombreuses vies humaines ! Perte des fermes ! Perte des arbres ! Perte des terres ! Perte de toute l’épaisseur du limon ! Le sol est raclé jusqu’à l’argile... Tout part à la mer !
Depuis lors, le Reyran enfermé dans son corset de béton ne diffuse plus d’humidité dans le sous-sol. Quand il grossit sous l’effet des « Chavannes », ces fortes pluies qui caractérisent notre région, il est surveillé de près pour l’empêcher de sortir de son lit, le sol n’a pas retrouvé son limon, mais les agriculteurs résistent ; la vallée rose est devenue simplement verte, mais maraichers et pépiniéristes y trouvent leur compte malgré tout !
Allez donc faire un tour au GIE de la « Vallée Rose », les agriculteurs y sont présents tous les matins du mardi au samedi pour vous proposer leurs produits, il faut les aider à rester là !