MARCHER, PAPOTER : le résumé !
Pauline Carton, pour notre génération, est une actrice de cinéma du siècle dernier connue pour sa gouaille et ses rôles de soubrette ! A Saint Raphaël, c’est aussi une rue en bord de mer et l’histoire d’une belle villa lui ayant appartenu, démolie pour être remplacée par un immeuble dans les années 1980 ! Mais savez-vous que c’est à Saint Raphaël que Pauline Aimée Biarez, née en juillet 1884 à Biarritz, mit le doigt dans l’engrenage de sa carrière de comédienne ?
En 1898, les époux Biarez, bourgeois parisiens, avaient fait construire une belle et grande villa « le Carillon » dans une jolie petite propriété en bord de mer aux abords du centre-ville de Saint Raphaël. Leur fille Pauline y venait en vacance chaque été depuis ses 14 ans ; vive et un peu effrontée, rêvant de devenir comédienne, elle montait de petits spectacles qu’elle offrait à qui voulait bien venir regarder. C’est là, l’été 1906, à Saint Raphaël, qu’elle provoqua le destin en suppliant un de ses spectateurs, le Directeur du théâtre « le Gymnase » de Marseille, de la prendre comme figurante dans sa troupe, même sans rémunération dit-elle, l’essentiel étant de jouer la comédie sur de vraies planches et montrer ce qu’elle, valait vraiment ! Ce fut chose faite, et elle démarra dans une pièce intitulée « le Ruisseau » dans laquelle elle incarnait une prostituée dénommée « la Môme Carton ». Sa voix de canard haut perchée et sa gouaille parisienne firent mouche auprès du public marseillais : la comédienne « Pauline carton » était née !
Jouant fort bien du piano depuis son enfance, elle était dotée d’une oreille parfaite et d’une voix perçante et juste , les opérettes et le music-hall se chargèrent de la faire connaître au grand public, elle enchaîna alors avec le cinéma, elle tournait, jouait, chantait, dansait presque chaque jour de la semaine, une boulimique du métier ! On ne lui connut pas de mari, pas d’enfants, mais cependant un grand amour qui perdura plus de cinquante ans, jusqu’au décès de l’heureux élu, le poète Jean Violette rencontré à Genève lors d’une tournée en 1913. Jean Violette était marié hélas, ils ne se voyaient donc qu’au mois d’aout quand Madame Violette était en vacance, et c’est à …Saint Raphaël qu’ils venaient vivre leur doux moments annuels. Ce qui faisait dire à Pauline qui ne mâchait pas ses mots « ne me dérangez pas en aout pour travailler, au mois d’aout je fais l’amour ! ».
Proche de Sacha Guitry, il fut pour elle d’un très grand secours lorsqu’elle perdit sa mère, se retrouvant en 1917 seule avec sa nièce pour toute famille, son père et son frère étant décédés auparavant. Elle devint pour le Maitre du théâtre une aide précieuse quant aux ressources historiques nécessaires à l’écriture de ses pièces ; devenue sa secrétaire, il l’appelait « sa bibliothèque ambulante ». Après la guerre, elle se mit elle-même à l’écriture, une autobiographie qui traverse le siècle avec ses deux guerres mondiales, un énorme volume intitulé « le théâtre de Carton », illustré avec ses propres croquis, car elle avait aussi un très bon coup de crayon ; une artiste complète la Môme Carton ! L’écriture ne l’empêcha pas de continuer à jouer la comédie et de camper les personnages caractéristiques que nous lui connaissons au cinéma !
C’est en juin 1974, qu’elle fit sa dernière révérence, victime d’une crise cardiaque après avoir honoré ses contrats jusqu’au bout, elle était encore en scène en 1972 : sacrée bonne femme cette Carton !