MARCHER, PAPOTER..... Le résumé
Comment se fait-il qu’une chapelle de l’Eglise Apostolique Arménienne Universelle ait été construite en plein cœur de Saint Raphaël, au plateau Notre Dame ?
Une partie de la réponse se trouve dans l’histoire mouvementée de l’Arménie. Ce pays né au 1er siècle avant JC dans les Monts du Caucase, premier pays à se christianiser, subit siècle après siècle invasions, annexions, partitions de la part de ses puissants voisins : mongols, perses, byzantins, arabes, ottomans…De tout temps, de nombreux arméniens le quittèrent pour s’installer ailleurs. Mais, de triste mémoire, c’est l’épisode du génocide perpétré par les turcs en 1915 qui fit exploser cette diaspora : actuellement 3 arméniens sur 4 vivent ailleurs que dans leur pays. En France de nombreuses communautés arméniennes se sont implantées au début du siècle dernier, aidées dans leur intégration par le Haut Commissariat aux réfugiés et l’association arménienne d’aide sociale créée en 1890 ; les communautés les plus importantes dans notre région étant à Marseille et à Cannes.
L’autre partie de la réponse est apportée par l’histoire du développement de Saint Raphaël sous l’impulsion du très dynamique maire Félix Martin. Il fit construire de luxueux hôtels pour accueillir les riches hivernants, mais la mode passée, les hôtels changèrent de destinée. Ainsi en 1880, fut inauguré au plateau Notre Dame le « Grand Hôtel », qui agrandi en 1888, connut de magnifiques fêtes. Passée la mode des hivernants, ce luxueux hôtel accueillit les riches russes fuyant la révolution, mais, réquisitionné durant les années de guerre et d’après guerre, il perdit beaucoup de son prestige, son immense parc fut morcelé et la bâtisse, en 1958, par l’intermédiaire du Haut Commissariat aux réfugiés, fut attribuée à l’Association arménienne d’Aide sociale. Celle-ci y installa un établissement d’accueil pour des réfugiés russes et arméniens au soir de leur vie ; le « Home Arménien » était né. La chapelle vit le jour quelques années plus tard, par la générosité d’une riche arménienne d’Argentine, en vacances dans la région. Bâtie sur le modèle des églises arméniennes du IVème siècle, la chapelle dédiée à l’apôtre Jean fut consacrée en 1977 par l’Archevêque arménien de Paris. L’Eglise Apostolique arménienne universelle est dite Eglise des trois premiers conciles, elle n’a pas fait allégeance au Pape ni au Primat Orthodoxe ; autocéphale, elle est dirigée par un Primat demeurant en Arménie.
Le « Home Arménien » est devenu depuis 1990 une maison de retraite comme une autre, somme toute banale, si ce n’est qu’elle abrite dans son parc un petit trésor, unique dans la région - la chapelle - celle-ci ouvre ses portes pour la célébration du culte deux fois par an : le 15 aout pour la fête du raisin et le premier week end qui suit le 6 janvier, pour le Noël arménien. Mais c’est toute l’année qu’on peut l’admirer, à son fronton, une inscription en arménien qui dit « Je suis la Résurrection et la Vie ».